Le pionnier Jean-Antoine Chaptal a révolutionné l’art de la vinification et apporté un leg scientifique considérable à la France pré-industrielle. Retour sur une incroyable destinée lozérienne.
Jean-Antoine-Claude Chaptal est né le 5 juin 1756 en Lozère à Nojaret, à proximité de Mende. Chimiste et politicien, c’est pourtant par le biais de la médecine que l’homme fera son entrée dans le monde scientifque.
Initié dès dix ans au latin, le jeune Chaptal rejoint, les cinq années suivantes, le collège des doctrinaires de Mende. Après des études de médecine à Montpellier, il soutient sa thèse. Nous sommes alors en 1774, Chaptal vient tout juste d’avoir 18 ans et ses idées rencontrent un franc succès : sa proposition scientifi que sera éditée à deux reprises.
Nommé Docteur en 1777, incorporé dans la Société Royale et titré par Louis XVI, Jean-Antoine Chaptal, en pleine ascension, va pourtant vivre une expérience traumatisante : alors qu’il autopsie un jeune homme, l’adolescent se réveille au cours de l'opération. Abasourdi, Chaptal abandonne la médecine. Désormais, l’homme ne se consacrera plus qu’à la chimie. Devenu professeur à l'École de médecine de Montpellier, favorable à la Révolution française, il publie en 1792 un ouvrage non moins révolutionnaire, Les Éléments de chimie. Un livre majeur, traduit dans de nombreuses langues, dans lequel le scientifique conceptualise la chaptalisation, le procédé novateur de fermentation qui permet d’augmenter, par sucrage, la teneur en alcool des vins et ainsi leur conservation, et donc une plus large commercialisation.
Ministre sous Napoléon Bonaparte, Chaptal dirigera par la suite la fabrique de poudre de guerre de Grenelle. À partir de 1796, il ouvre la Manufacture des Ternes à Neuilly. Chargé du portefeuille du département de l'Intérieur par intérim par Napoléon, il est officiellement nommé ministre de l’Intérieur en 1801. Chaptal est également à l’origine d’une réorganisation complète de l’instruction publique et en particulier de la création de l’école de sages-femmes de l’Hospice de la maternité de Paris en 1802. L’homme démissionne néanmoins en 1804 lorsque Bonaparte se fait proclamer empereur, afin de se consacrer à ses travaux scientifiques. Il est reçu à l’Académie des sciences, belles-lettres et arts de Rouen en 1803.
Près de deux décennies plus tard, ruiné par les dettes de son fils, il est forcé de vendre son Château de Chanteloup. Il meurt dans la pauvreté en 1832. Le savant lozérien est inhumé au Père Lachaise, Division 89