Le temps d'une soirée, les Archives départementales de la Lozère ont conjugué culture et fête populaire pour le plus grand plaisir des petits et des grands.
Que se passait-il au 12, avenue du Père Coudrin à Mende, le mardi 31 octobre à 18 h 30, alors que la nuit enveloppait le bâtiment des archives départementales ? Une bonne trentaine de personnes dont de nombreux enfants, tous munis d'une lampe de poche, attendaient inquiets devant la porte... mais quoi ? Une inauguration tardive perturbée par une panne de secteur ? Un exercice de sauvetage ? Que nenni !
Tout ce beau monde avait répondu à l'appel du personnel des Archives pour une visite nocturne très originale car, on le sait, la nuit d'Halloween est propice à évoquer les forces occultes, la magie noire, la sorcellerie, les philtres, les messes noires, les envoûtements, les exorcismes... Pour évoquer tous ces aspects, nos archivistes sont parvenus à joindre l'utile (les documents historiques) à l'agréable (le festif) ; toutes générations confondues, une véritable gageure !
Après un bref exposé historique sur la sorcellerie et de ses praticiens souvent brûlés vifs, les enfants ont pu jouer à se faire peur, danser, crier au fantôme, jeter des sorts (et des documents d'archives périmés), et les adultes, en deux cris stridents de sorcière en colère, ont pu examiner de près de vieux documents à la lumière des torches. L'un relate le procès, en 1347, d'un prêtre accusé d'avoir envoûté le comte évêque du Gévaudan à la demande du seigneur d'Apcher, un de ses opposants. Quelques lettrines provenant d'un registre de notaire de 1450 dénotent l'habileté de l'auteur mais aussi son esprit tourmenté. Il est vrai que l'époque trouble n'est pas propice à la sérénité. Plusieurs feuillets ont également été déchiffrés : ils expliquent divers procédés en vue de la fabrication de produits soi-disant thérapeutiques dont l'un à partir d'une vipère disséquée (XVIIIe siècle). Un ouvrage de 1894 décrit, lui, l'exorcisme d'une jeune fille par le curé d'Estables en 1792. Enfin, de nombreuses illustrations représentant les exactions de la Bête du Gévaudan (1764-1767) étaient à dispositions des visiteurs.
Après une collation permettant à chacun de se remettre de ses émotions, le public est reparti enchanté, conquis par cette présentation originale et avec quelques recettes médicinales en poche. Les archives départementales tiennent à s'incrire ainsi dans l'actualité surtout quand celle-ci tire ses origines d'un lointain passé.