Cela fait plus de trente ans que Yves Pellequer produit des couteaux, dagues et autres lames, dans sa forge de La Vialasse, sur la commune de Saint-Maurice-de-Ventalon. Arrivé presque au terme de sa carrière, le coutelier montre un désir d’apprendre toujours intact…
À La Vialasse, non loin de Pont-de-Montvert, il n’y a qu’un seul habitant à l’année : Yves Pellequer, autodidacte passionné devenu coutelier de métier.
Toute sa vie actuelle est là, sur les hauteurs dénudées du Mont Lozère : sa maison, sa forge, sa boutique, une étable où il éleva un temps des lapins – avant que les lames ne l’accaparent totalement. « Il m’a fallu sept ans pour maîtriser les techniques de base, et dix ans pour parvenir à gagner ma vie en tant que coutelier. Dans un premier temps, j’ai tout appris dans les livres. C’était un hobby, je ne cherchais pas à en faire ma profession. »
Yves Pellequer apprit ainsi tout seul à forger et souder. Faire, échouer, recommencer, des milliers de fois si nécessaire, ce fut là son école.
Avec le temps, il maîtrisa ainsi des techniques très élaborées, telle le Damas. « Une lame en Damas alterne des couches d’acier dur et d’acier doux, comme une pâte feuilletée. Les miennes comptent 320 couches ! Le but est d’obtenir un équilibre parfait entre la dureté et la flexibilité. »
Devenu bien plus expérimenté, le coutelier commença alors à échanger avec ses pairs, il découvrit notamment comment fabriquer des lingots d’un acier très dur, utilisé pour les sabres japonais. Il apprend des autres et, bientôt, apprend aussi aux autres, prend un premier élève en 1999. L’homme, qui envisage d’élaborer d’autres types d’acier, et donc d’autres lames, n’en aura jamais
fini avec le plaisir d’aborder de nouvelles techniques. Cela ne l’empêche pas de continuer à produire, vendre, former. En juillet et août, sa forge ne désemplit pas, avec des démonstrations quotidiennes, à 14 h 30. Les affaires vont bien, mais le moteur intérieur d’Yves Pellequer ne se situe sans doute pas là.
Cet article est extrait de Couleurs Lozère Magazine
© Crédit photo : Régis Domergue