Secours à la population en Lozère : à quoi joue l’État ?

Mardi 30 juin 2020

Depuis des années, la présidente du Conseil départemental, Sophie Pantel, le président du CaSdis Francis Courtès, le maire de Mende, et président de la communauté de communes, Laurent Suau, le sénateur Alain Bertrand et, maintenant la sénatrice Guylène Pantel, et la présidente de la Région Carole Delga se battent pour obtenir l'hélicoptère à l'année.

Suite au crash du Dragon dans le Var pendant les intempéries en décembre dernier, qui a accentué la pénurie au niveau national des hélicoptères de ce type, la Présidente du Conseil départemental, a demandé un rendez-vous au directeur de la Sécurité civile, Alain Thirion, pour anticiper le besoin de la Lozère en été.

Lors de cette rencontre à laquelle étaient associés Carole Delga et Laurent Suau, ils ont eu confirmation, qu'une solution serait trouvée avec un appareil de la Sécurité civile. Le sujet de l'hélicoptère à l'année a été à nouveau abordé lors de cette entrevue. Alain Thirion a été à l'écoute des élus. Au mois de mai, le courrier de confirmation de ce qui avait été dit est arrivé au cabinet de Sophie Pantel (publié sur le site www.lozere.fr le 10 juin) : Il y aurait bien un Dragon à Mende cet été et Madame la Préfète était chargée d'évaluer précisément les besoins en Lozère et avec les départements limitrophes. Il n'était pas précisé d'où arriverait cet hélicoptère de la Sécurité civile.

Une polémique locale a été ensuite lancée, affirmant que nous n'aurions pas le Dragon cet été, alors que ce dossier était réglé depuis le mois de février, polémique immédiatement corrélée et concomitante avec la mobilisation des élus auvergnats. Pour autant, la Préfète de la Lozère a bien communiqué par tweet le 24 juin que nous aurions bien un Dragon cet été.

Le directeur de la Sécurité civile a rencontré les élus d'Auvergne, vendredi 26 juin, et a confirmé, lui aussi, l'affectation du Dragon à la Lozère, au motif que l'Auvergne était, au moins, couverte par l'hélicoptère du Samu et celui de la gendarmerie, et que les opérations d'hélitreuillage réalisés par le Dragon en Lozère l'été dernier étaient deux fois plus nombreuses que celles du Dragon du Puy-de-Dôme sur la même période. Mais pendant le week-end, un élu adhérent à la République en Marche, a appelé directement le Président de la République pour obtenir satisfaction. Le ministre de l’intérieur et ses services se sont donc dédits, en maintenant le Dragon en Auvergne et en affectant pour la Lozère un hélicoptère de la gendarmerie qui « sécurisera la saison touristique », sans plus de détail sur le type d’appareil affecté à notre territoire. Cet appareil offrira-t-il les mêmes services, et notamment le survol des villes permettant de se poser sur le centre hospitalier et les CHU ? Permettra-t-il un transport médicalisé sûr et dans de bonnes conditions, comme peut le proposer un appareil type « Dragon » ?

Dans la gestion de ce dossier, trois constats s’imposent :

  • il existe une rupture d'égalité entre les citoyens pour l’accès aux soins et aux secours,

  • la répartition des moyens aériens (Samu, pompiers et gendarmerie) est inéquitable sur le territoire national,

  • certains choix sont opérés sur la base de copinage, bien loin d'un État garant de la sécurité de tous les citoyens, de la même manière, partout.

En effet, force est de constater que depuis des années, les Lozériens n'ont pas les mêmes chances de survie, sous prétexte qu'ils ne sont pas assez nombreux et n'ont pas assez de représentants au niveau national. Personne ne s'émeut que nous n'ayons aucune couverture aérienne à l'année alors même qu'une perte partielle de la couverture aérienne en Auvergne provoque un tollé. Une vie en Lozère a-t-elle moins de valeur qu'une vie en Auvergne ?

Nous demandons qu'une réforme d'ampleur, pour revoir la couverture nationale héliportée des secours et d’accès aux soins soit mise en œuvre, avec une mutualisation et de nouvelles réaffectation des appareils. Cela implique notamment de repositionner des appareils de la Sécurité civile. Force est de constater que bon nombre d'entre eux sont positionnés dans les grandes villes et en bordure de littoral, ce qui obère pour moitié leur capacité de couverture (en mer, une autre organisation intervient). Il serait plus efficient de les repositionner plus dans les terres, où ils couvriraient ainsi plus de territoires et plus de population avec le même nombre d'appareils. La répartition doit être plus juste entre les territoires. Ceux qui sont suréquipés doivent être solidaires de ceux qui n'ont rien, comme l'Hérault l'a été avec la Lozère depuis 2010.

Cet été, après la crise Covid, nous attendons encore plus de touristes qui vont pratiquer des activités de pleine nature dans des zones escarpées et circuler sur nos routes alors que nous serons peut-être moins bien équipés. Les récentes inondations ont rendu de nombreux axes routiers impraticables, comme la RN106. De fait, un secours d’urgence par la voie terrestre devient ineffectif et met en danger toute personne ayant besoin d’un transport médicalisé rapide dans certaines parties du territoire départemental. L’État devra prendre ses responsabilités en cas de drame.

Certains se réjouissent de la perte du Dragon et voudraient que le Département achète un appareil. Si nous devions arriver à cette solution pour garantir la sécurité de nos concitoyens alors même qu'il s'agit d'une compétence régalienne de l’État, cela signifierait qu'il n'y a plus de République puisque certains territoires seraient dotés ou surdotés gratuitement et que d'autres devraient payer pour survivre et se soigner !

Nous allons lancer une pétition en ligne ouverte à tous pour un hélicoptère à l'année en Lozère et une réforme des moyens héliportés sur l'ensemble du territoire national.

Lozériens, mobilisons-nous !

Ce mardi 30 juin au soir, la Sénatrice de la Lozère et la Présidente du Conseil départemental ont été reçues Place Beauvau pour exposer cette situation.