Découpage cantonal: la Lozère maltraitée

Vendredi 20 décembre 2013

Le Président du Conseil départemental de la Lozère a reçu du Préfet la nouvelle carte cantonale ce mardi 17 décembre 2013.

Cette carte a été présentée officiellement aux conseillers généraux ce vendredi 20 décembre 2013 par le Préfet en ouverture de la session du Conseil départemental qui se réunira pour en débattre ultérieurement en janvier.

Le gouvernement s'est arrêté sur 13 cantons : Aumont-Aubrac (31 communes), La Canourgue (14 communes), Le Collet de Dèze (23 communes), Chirac (13 communes), Florac (11 communes), Grandrieu (21 communes), Langogne (11 communes), Marvejols (7 communes), Mende 1, Mende 2, Saint-Alban sur Limagnole (20 communes), Saint-Chély d'Apcher (6 communes) et Saint-Étienne du Valdonnez (27 communes).

 

Cette carte démontre que les inquiétudes qu'elle pouvait susciter sont confirmées.
Jean-Paul Pourquier parle de charcutage électoral puisque, comme dans beaucoup d'autres départements, ce redécoupage s'est fait, en Lozère, au détriment de la ruralité en ne prenant en compte que des critères démographiques qui sont loin d'être satisfaisants.
«  Par exemple, explique Jean-Paul Pourquier, les + ou – 20% de marge par rapport a la moyenne départementale des cantons (qui s'élève à 5 929 habitants) n'ont pas été utilisés à bon escient. Si cela avait été le cas, comme je l'avais proposé, on aurait du retrouver les cantons les plus peuples autour des cinq pôles "urbains" les plus importants du département. Au contraire, ce sont en majorité des cantons ruraux qui se retrouvent les plus peuplés avec des superficies immenses. C'est le cas de Saint Étienne du Valdonnez, Aumont-Aubrac, La Canourgue, Grandrieu... »

Autre anomalie, les critères concernant les bassins de vie et les critères géographiques comme la barrière du Mont Lozère ont été totalement occultés comme sur le canton dit " de Saint Étienne du Valdonnez". Ce canton est démesuré. 89 km séparent La Bastide Puylaurent de Cocurès.

« Ce que je dénonce avec force, c'est que la ruralité est totalement bafouée et maltraitée. La ruralité et l'organisation territoriale que nous avons construite en seront les premières victimes puisque cela entraînera une adaptation du service public à ces nouveaux périmètres (gendarmeries, perceptions, etc). Nous avons fait beaucoup d'efforts en termes d'aménagement de notre territoire pour avoir une présence des services publics ou services au public au plus près des Lozériens. Cette proximité risque d'être totalement remise en cause.

Mais derrière tout cela aussi, la manœuvre politicienne est évidente. Ce redécoupage est partisan et je remarque que l'on a essayé de regrouper un certain nombre de cantons de droite afin d'y créer des situations de conflits auprès des élus en place. C'est le cas sur les cantons du St Alban/Le Malzieu/Rieutord, mais aussi sur Nasbinals/Aumont/ Fournels ou encore sur Le Massegros/ La Canourgue/ Chanac alors que l'on a essayé d'épargner les cantons dits de gauche ».

Jean-Paul Pourquier a été reçu au ministère de l'intérieur jeudi 19 décembre, soit 2 jours après la réception de la carte « Je trouve qu'il est un peu cavalier de ne pas avoir attendu cet entretien avant de sortir la carte. Cela démontre que l'on fait peu de cas de l'avis du Président du Conseil départemental et des Lozériens en la matière et que ce découpage est éminemment politique. Et à ceux qui prétendent défendre l'hyper-ruralité comme le sénateur-maire Alain Bertrand, je répond qu'il y a encore beaucoup de travail car nous sommes bien loin du compte. Le chemin pris par cette réforme ne va pas dans le bon sens. C'est au contraire la négation et l'abandon de la proximité et de la ruralité. »

A partir de la date de réception de la carte, le Conseil départemental de la Lozère dispose de six semaines pour se prononcer sur ce découpage. Pendant deux mois, tous les élus mais aussi les particuliers ou tous ceux qui s'estiment floués par ce redécoupage auront ensuite la possibilité d'engager des recours. En mars, un décret devrait paraître pour fixer les élections de 2015. Si un recours devait aboutir, c'est toute la réforme qui pourrait être remise en cause.