Henri Boyer, élu investi, jovial et attachant va beaucoup manquer au Département tant par l'implication qu'il mettait dans le suivi des dossiers qui lui avaient été confiés (déploiement de la fibre, infrastructures routières...) que par son caractère enjoué qui avait le don de redonner le sourire à ceux qu'il croisait. Son départ nous cause une immense peine.
Sophie Pantel lui rend hommage :
« Mon cher Henri,
Lundi dernier, dernier échange pour te raconter notre session au Conseil départemental à laquelle tu n’avais pas pu te connecter, trop épuisé par cette infection qui t’a conduite ensuite à être hospitalisé… Jusqu’à ce vendredi matin, où Agnès ta femme, m’a appris que tu étais parti.
Cette sale journée, pour rester polie, où il faut commencer à accepter le départ, l’immense vide que tu laisses bien entendu d’abord pour Agnès, tes trois enfants et tes deux petits enfants, mais aussi pour tous tes amis. Tu étais très fier de ta famille et tu les aimais énormément, quelle que soit la réunion, si Agnès appelait, tu disais « ma chérie appelle » et tu sortais pour répondre. Tu nous envoyais les photos de tes petits bouts...peut-être sans trop avoir l’accord de tes fils. Tu pars bien trop tôt et rappelle à chacun d’entre nous, que nous sommes peu de choses. Avant de rendre hommage à ton action publique, je veux rappeler l'homme qui se cachait parfois sous sa carapace.
Tu étais un homme de valeurs, avec un caractère entier, droit et franc. Avec toi, il n y avait pas de coup bas, ni d’ego surdimensionné. Tu avais le don de rendre le sourire à n’importe qui, ton humour était décapant et tu avais toujours une petite blague « en magasin » !
Je prenais bien garde à ne pas ouvrir, lors d’une réunion importante, tes sms car je savais que le fou rire ne serait pas loin. Tu t’es souvent régalé en me faisant réagir sur l’égalité femme/homme, toi qui n’en pensait pas une miette et deux de nos collègues étaient tes cibles amicales avec quelques-unes de tes « blagounettes » sur le Président Macron mais sans jamais te dévoiler. Chaque lundi matin, tu animais et illuminais les réunions et les repas de groupe (surtout les légumes verts que tu appréciais tant!). Tu étais très apprécié des agents du Département, en particulier au cabinet et au sein de la direction des infrastructures mais pas seulement.
Tes qualités humaines, ton sens du contact, parce que tu aimais les gens, et ta capacité à vouloir rentrer techniquement dans les dossiers que tu traitais, ont forgé respect, reconnaissance et attachement, au-delà de nos frontières départementales. C’est le sens des témoignages de soutien reçus depuis ton départ de la part de mes collègues présidents, de l'Aveyron, de la Creuse, ainsi que de nombreux autres partenaires avec lesquels tu as travaillé. Lors des réunions, tu étais toujours à l’écoute, même pendant « les pauses fumeur », tu travaillais beaucoup et tu connaissais à fond les dossiers dont tu avais la charge. Tu savais être exigeant et tu ne te satisfaisais pas de réponse évasive ou trop approximative. Tu savais décider, choisir et assumer tes choix en faisant toujours passer en premier l’équité et l’intérêt général.
Élu en mars 2008 Maire de Chirac, tu as transformé ton village : aménagement de la place face au monument aux morts, aménagement de plusieurs quartiers, travaux dans plusieurs bâtiments communaux, voirie, acquisition d’un cabinet médical, réseaux d’eau et d’assainissement, aménagement de l’école et du gîte, restauration d’objets mobiliers, réalisation de cheminements piétons, restauration de la chapelle de la Chazette, acquisitions de matériels pour la viabilité hivernale et réhabilitation complète de la traversée du village…..
Tu passais tous les matins à l’école, tu étais capable de passer ton dimanche à remesurer l’enduit posé sur la chaussée…. C’est un investissement sans faille et un bilan impressionnant quand on connaît le temps nécessaire pour faire aboutir un projet ! C’est la raison pour laquelle ton échec en mars, a été une injustice, le bilan et le projet étaient excellents. Tu as sûrement vexé quelques esprits chagrins à qui tu auras répondu trop franchement et surtout tu as fait face aux coups bas, une campagne basée sur des attaques personnelles liées à ta maladie, alors que tu avais été honnête et transparent avec tes administrés. Tu en as été très affecté à un moment où tu n’avais pas besoin de supporter ça !
Tu as énormément donné pour ta commune mais aussi pour le département. Tu en es devenu un pilier et un élément fédérateur tout en disant clairement à celui qui ne jouait pas collectif, ses vérités. Au Département, je t’avais confié deux compétences obligatoires, les transports scolaires et les routes et une autre facultative mais déterminante : le THD. Dans le domaine des transports scolaires, tu as réglé et pérenniser de nombreux circuits en les intégrant dans le dispositif de droit commun, tu as aussi formalisé différentes conventions avec les départements limitrophes et nous avons parfois siégé dans les cellules de crise lors d’événements neigeux.
Sur les routes, après un état des lieux réalisé en 2015, nous avons travaillé sous ta houlette à un plan pluriannuel d’investissement, lancé un plan de sécurisation des falaises, le renouvellement de nos engins de viabilité hivernale, la construction d’un centre technique à Sainte-Croix… Tu t’es aussi beaucoup impliqué dans la recherche d’un terrain pour celui de Châteauneuf. Le budget des routes sous ta vice-présidence est passé de 9 à 15 millions par an.
Et puis le dossier phare, structurant, qui changera l’avenir de notre département, le déploiement du très haut débit, la fibre à l’abonné. Tu disais volontiers lors des réunions publiques « on m’a demandé de traiter les dossiers de la fibre optique et des usages du numérique alors même que je n'ai pas Facebook » et tu riais ! Tu t’y es investi sans compter, tu as tout appris et tu es devenu incollable et d’une grande technicité, je relisais ce week-end tes interventions au CD, tu apportais des réponses toujours précises, tu avais une capacité d’apprentissage exceptionnelle ! Nous sommes allés à Paris rencontrer les opérateurs, tu ne m’as pas « pardonné » les allers-retours dans la journée avec un sandwich d’autoroute ! Le travail à fond, oui, aucun problème mais avec une bonne entrecôte de race aubrac, c’est encore mieux. C’était devenu un jeu et tu expliquais aux élus d’autres Départements que je « ne vous payais pas de vrais repas ». Une fois, nous étions en retard pour un rdv parisien, impossible de faire une pause cigarette, tu nous as fait rouler fenêtres ouvertes, avec écharpe et bonnet ! Nous avons passé une année à négocier ce contrat, toujours présent et pertinent et une soirée jusqu’à tard dans la nuit pour signer le contrat qui pesait 5 kg, Sophie la directrice de cabinet tournait les pages, tu tamponnais et je signais !
Tu nous as amenés dans le nord de la France, à l'issue d’un salon de l’agriculture, dans deux des trois usines qui fabriquent la fibre en France… Tu étais dans ton élément et que de kilomètres tu nous as fait faire mais il fallait vérifier l’approvisionnement ! Tu auras toujours été aussi présent pour le suivi de la phase travaux, et ce n’est pas un long fleuve tranquille, je ne te l'apprends pas… Tu t’es aussi beaucoup investi au sein du CASDIS et du bureau, tu as participé à la remise sur pieds de ce service départemental qui a fait l'objet de plusieurs rapports d’inspection. Tu étais également membre de nombreuses autres commissions ou structures au sein desquelles tu as aussi œuvré, comme Lozère ingénierie, Lozère numérique, le Satep et le Satese, la SEM abattoir, la commission d’appel d’offres, le GAL, Président du syndicat de l’A75,… Bien entendu je n’oublie pas le binôme que tu formais avec Sophie Malige, la benjamine, fait de confiance et de complicité pour représenter votre canton. Vous formiez une une équipe formidable.
Henri, lorsque le confinement sera levé, nous serons nombreux simplement pour te dire au revoir et te rendre un dernier hommage car ton action le mérite.
Henri chacun d’entre nous, tes amis, garderons de toi le souvenir d’une belle personne attachante. L’action publique faisait parti de ta vie.
Je te remercie pour la confiance que tu m’as accordée dès le départ en 2015, et qui était réciproque.
Henri, il restera de toi tout ce que tu as donné, partagé.
Tu laisses ton empreinte sur la commune de Bourg-sur-Colagne et sur le Département, ton départ est une immense perte humaine pour nous tous...
Qu’il me soit permis d’adresser à ta femme, chère Agnès, tes enfants, petits enfants, et à l’ensemble des membres de sa famille ainsi qu’à tous ceux qui sont dans la peine aujourd’hui les très sincères condoléances de l'assemblée départementale. »
Sophie Pantel