Les baronnies du Gévaudan

Du XIe siècle jusqu’à la Révolution française, le Gévaudan est partagé en huit baronnies qui rivalisent de richesses et d’influence.

 

Huit baronnies

Entre le XIe siècle et la Révolution française, le territoire du Gévaudan est divisé en huit grandes baronnies, excepté les terres relevant directement du pouvoir royal ou de l'évêque de Mende, comte du Gévaudan. De nombreux vestiges de châteaux témoignent de leur ancienne puissance : les châteaux d'Apcher, du Tournel ou de la Garde-Guérin en sont les exemples les plus spectaculaires.

Les premières mentions de ces baronnies remontent au début du XIe siècle, moment-clef de l'histoire où le pouvoir central s'affaiblit au profit des seigneurs locaux. Si la légende veut que les 8 barons étaient frères, la réalité n'est pas si éloignée car nombreux sont les seigneurs issus de la famille de Randon. Les huit baronnies sont celles d'Apcher, de Mercoeur, de Peyre, de Randon, de Canilhac, de Cénaret, du Tournel et de Florac. L'empreinte de certaines d'entre elles demeure très forte au point d'avoir associé leur nom à celle des localités : Saint-Sauveur-de-Peyre, Saint-Chély-d'Apcher, Saint-Julien-du-Tournel, Arzenc-de-Randon...

Carte des huit baronnies


 

Un pouvoir temporel contrôlé par l'évêque de Mende

La puissance des barons s'est d'abord établie sur un pouvoir militaire : leur capacité de protection et de défense était essentielle pour fédérer une communauté autour d'eux. En échange de cette protection, les hommes versent des redevances en espèce ou en nature : c'est le principe de la féodalité.

Ce principe, reproduit à toutes les échelles de la société, engage un vassal et un suzerain, les barons étant eux-mêmes tous vassaux de l'évêque-comte. La recherche d'alliance ou d'allégeance à d'autres seigneurs est souvent une forme contestataire révélant le pouvoir omniprésent de l'évêque de Mende sur les barons. Par ailleurs, les conflits entre barons eux-mêmes n'étaient pas rares et de nombreuses procédures attestent des problèmes liés à leur soif de pouvoir.

Outre le pouvoir militaire, les barons étaient en charge de la justice sur leurs terres. Ils entretenaient également ponts, fours et moulins en échange de redevances. L'autre pouvoir incontournable de l'époque est le pouvoir spirituel qui relevait de l’Église : il était, alors, primordial, voire vital pour son salut, d'être en accord avec les préceptes divins. Nombreux sont les barons qui ont fait preuve de grande dévotion et accordé des bénéfices au clergé.
 

Sites fortifiés et châteaux modernes

La gestion de chaque territoire était autonome, les barons s'appuyant sur des personnes dédiées aux différentes tâches. La superficie des baronnies étant souvent importante, il était également nécessaire de disposer de plusieurs châteaux ou repaires pour se loger ou abriter une garnison. La place la plus forte reste le chef-lieu de la baronnie, résidence principale du seigneur. Si les castra, châteaux perchés, sont les standards du Moyen Âge, les habitudes changent à partir du XIVe siècle. Les demeures deviennent plus grandes, plus confortables et plus accessibles. Ainsi voit-on les seigneurs du Tournel abandonner leur castrum du Tournel, vers 1350, au profit du château du Boy. Ils peuvent également apporter des modifications à leur château principal comme c'est le cas à Apcher.

La majorité des castra perchés a disparu ou il n'en reste que quelques vestiges. Parmi les sites les plus remarquables, on peut citer : Arzenc d'Apcher, Apcher, la tour du Canourgue, Altier, Saint-Julien-du-Tournel, Luc, Canilhac, Hauterives, Châteauneuf-de-Randon…

Parmi les châteaux plus récents ou aménagés plus tardivement, on recense : Fournels, La Baume, Saint-Saturnin, La Caze, Rocheblave, Florac, Le Boy, Saint-Alban-sur-Limagnole, Le Roure, Chambon-le-Château, Saint-Julien d'Arpaon, Montferrand, Le Miral...

 

Attention certains châteaux sont privés et leur accès difficile, voire dangereux !