La Lozère en Gévaudan
La Préhistoire
L'époque gallo-romaine et franque
Le Moyen-âge
Les divisions politiques et religieuses
Consultez la frise chronologique sur l'histoire de la Lozère
Le Gévaudan a vu son histoire cahotée au rythme des bouleversements de l'histoire nationale, qui l'ont tantôt intégré au royaume de France, dans les pays de langue d'oc, tantôt protégé dans une autonomie de principauté épiscopale jusqu'à la Révolution. Le département de la Lozère, créé en 1790, connaîtra bien vite sa vocation économique autour de l'industrie lainière, avant de trouver au XXème s., une nouvelle expansion en direction de l'agro-alimentaire, du tourisme et de la culture. Mais allons pas à pas à la découverte de l'histoire de ce Gévaudan.
Témoins de l'occupation préhistorique, les nombreux dolmens et menhirs placent la Lozère parmi les départements les plus riches en monuments mégalithiques.
Lors de la conquête de la Gaule, Jules César soumet la tribu celte des Gabales qui occupait la région. La cité de Javols et le mausolée de Lanuéjols rappellent la romanisation. Au IIIe s., l'évangélisation est attestée par le martyre de Saint-Privat, reconnu par la tradition locale, premier évêque du Gévaudan.
Le Moyen-âge a profondément marqué l'histoire et le milieu naturel. Intégré au VIIe s. dans le royaume Franc, le Gévaudan connaît les soubresauts de la féodalité naissante, tandis que ses évêques obtiennent du pouvoir royal des privilèges qu'ils conservent jusqu'à la Révolution. Châteaux et églises romanes jalonnent les sites stratégiques et les chemins de pèlerinages. Le pape Urbain V, enfant du pays qui a introduit l'art gothique et Du Guesclin mort à Châteauneuf-de-Randon illustrent cette période.
Du XVIe-XVIIIe s., les guerres de religion ont gravement meurtri le pays, mais l'économie demeure prospère à la veille de la Révolution. Le système agro-pastoral, enrichi par l'industrie lainière, a facilité son développement même si la Bête du Gévaudan fait régner pendant quatre ans un vent de panique sur le diocèse. Le conservatisme traditionnel des habitants, renforcé par le clergé réfractaire rejette les idées révolutionnaires.
La crise des activités textiles, à la fin du XIXe s., provoque un marasme économique persistant. Le reboisement des terrains en pente, le développement des voies de communications, ne parviennent pas à enrayer l'exode rural. L'hémorragie démographique est accentuée par la guerre 14-18. Au cours de la Seconde Guerre Mondiale, le département encore très rural, accueille des réfugiés et s'illustre par de nombreux actes de résistance.
Le développement du machinisme agricole et de l'artisanat, l'attrait des grands espaces, la mise en place de structures d'accueil, en liaison avec la politique de désenclavement routier favorisent depuis ces dernières années la croissance démographique, facteur de renouveau économique.
En raison de leur nature géologique (grottes, abris sous roche…), les causses recèlent de nombreux vestiges archéologiques particulièrement sur le Causse Méjean et le Causse de Sauveterre.
Le premier peuplement est contemporain de l'Homme de Tautavel (- 400 000 ans). Les hommes vivaient uniquement de chasse et de cueillette. La forêt primitive qui couvrait les Causses a disparu sous la pression agro-pastorale. La Lozère compte plus de 300 dolmens, sépultures collectives, utilisées pendant plus de cinq siècles. Les menhirs à vocation, sans doute, cultuelle sont aussi présents en grand nombre, mais répartis sur les massifs granitiques et dans le nord du département. L'ensemble le plus important se situe près des échines calcaires dénudées des Bondons, avec 150 monolithes de granite.
A l'Age de Fer, l'homme délaisse définitivement les grottes pour des sites d'habitat fortifiés, proches des terrains qu'il exploite. L'oppidum de Saint-Bonnet-de-Chirac est le plus célèbre.
L'époque gallo-romaine a laissé de nombreux témoignages en Lozère, qui se nommait alors le Pagus Gabalicus : le pays gabale du nom de la tribu gauloise qui l'habitait avant la conquête. Anderitum en était la cité. Au cours de la romanisation, elle devient Gabalum (l'actuelle Javols). Le mot Gévaudan tire ses origines de ces différentes appellations. Les traces de cette époque s'articulent autour de trois sites: Javols, Lanuéjols, Banassac.
Javols : Les fouilles pour mettre au jour l'ancienne civitas ont commencé au début du XIXe s. et se sont poursuivies jusqu'à nos jours. Des quartiers d'habitation ont été reconnus en de nombreux points du site. Les monuments publics : théâtre, thermes, basilique… ont également été repérés. Le matériel archéologique abondant est présenté dans une salle d'exposition à proximité.
Lanuéjols : Le Mausolée de Lanuéjols, le seul en France avec celui de Saint-Rémy-de-Provence, est très bien conservé. Il fait partie d'un ensemble construit dans la seconde moitié du IIe s. Sa fonction funéraire semble avoir disparu au début du IVe siècle.
Banassac : La fabrication de la poterie pratiquée par les Gaulois s'est développée après la conquête romaine. Vers 30-40, l'atelier de la Graufesenque (près de Millau) donne naissance à des ateliers satellites à Banassac et au Rozier. La proximité des rivières et des dépôts d'argile favorise une production considérable et de qualité, qui exporte dans tout l'empire Romain le savoir-faire des Gabales.
Saint-Privat, premier évêque connu du Gévaudan, aurait été selon la tradition, martyrisé par les Alamans au IIIe s., sur les pentes du Mont-Mimat qui domine Mende. Enseveli dans une crypte, son corps fut l'objet d'une pieuse vénération et donna naissance à un pèlerinage.
Intégré au VIIe s. au royaume Franc d'Austrasie, le Gévaudan demeure proche des Wisigoths dont la frontière traverse le Mont-Lozère et les Cévennes. Un siècle plus tard, son appartenance au royaume d'Aquitaine lui fait connaître les soubresauts de l'anarchie, et les rivalités seigneuriales, avant d'être rattaché au comté de Toulouse. Au XIIe s., le Gévaudan relève, grâce aux alliances matrimoniales, du comté de Barcelone, puis du royaume d'Aragon.
Cette lointaine et fragile suzeraineté résiste mal à l'ambition et au sens politique des évêques de Mende, qui renforcent leur pouvoir temporel et s'approprient le titre comtal. La "bulle d'or" accordée par Louis VII à Aldebert du Tournel, consacre la domination temporelle des évêques. Après la croisade des Albigeois, les rois de France, héritiers des possessions aragonaises, reconnaissent ces privilèges. L'accord de paréage de 1307 organise la partition du Gévaudan : domaine du roi, de l'évêque, terre commune.
Les ravages de la guerre de Cent Ans, sur fond de peste noire ont profondément marqué le XIVe s. Le connétable Bertrand du Guesclin meurt devant la citadelle assiégée de Châteauneuf-de-Randon (juillet 1380).
L'évêque de Mende, possédait sous l'Ancien régime des revenus considérables. Au début du XVIIIe s., son évêché était un des plus lucratifs du Languedoc. Les guerres de religion du XVIe s. se traduisent surtout par des escarmouches, des pillages, et des sièges de villes. C'est à la faveur d'une trahison que les protestants commandés par le capitaine Mathieu Merle s'emparent de Mende, pourtant solidement protégée par ses fortifications médiévales, et l'occupent.
La reconquête catholique ne parvient pas à convertir durablement les protestants cévenols qui se révoltent au cours de la guerre des Camisards 1702-1705. Les missions prêchées par les Jésuites au XIXe moralisent la société et suscitent de nombreuses vocations religieuses. Face à la puissance de l'église, les idées républicaines ont du mal à s'imposer. La question scolaire, la séparation de l'église et de l'état, la loi sur les associations sont autant de prétextes à l'opposition droite-gauche. Après la fin de la Seconde Guerre Mondiale, les esprits s'apaisent et s'orientent peu à peu vers un consensus.