La minoterie de la Colagne

Crédit photo : Régis Domergue

 

Des farines travaillées à la meule, pour un pain d’excellence, doté d’une mie bien alvéolée... Bien que le Moulin de Colagne ne soit plus alimenté par son cours d’eau mais à l’électricité, il n’a rien perdu de son savoir-faire ancestral. Présentation.

L e  Moulin  de  Colagne  dresse  sa  silhouette  massive  à  Chirac,  au  bord d’une  petite  rivière  qui  jadis,  assurait son  fonctionnement.  Aujourd’hui,  les moteurs électriques ont remplacé l’ancienne mécanique, mais cette étonnante minoterie a conservé des méthodes de fabrication traditionnelles... Refus du progrès ? Pure nostalgie ? Il n’en est rien. «  Ces techniques, certes d’époque, confèrent néanmoins à nos farines une  très  grande  qualité.  Nous nous  battons pour maintenir en Lozère ce savoir-faire artisanal »,  explique  Chantal  Rech,  co-responsable  de  l’entreprise,  qui  compte  à  ce  jour sept employés.
Clef de voûte de ces méthodes : les meules en pierre de silex, qui assurent le broyage du blé. Pour Chantal Rech, «  ces grandes pierres circulaires sont un matériau naturel vivant, qui s'use avec le temps et le travail. Nous devons régulièrement  leur  redonner  un  nouveau souffle grâce au piquage, c’est-à-dire à leur taille et leur retouche, afin de leur rendre toute leur force d'écrasement. Et lorsqu’il s’agit de l’entretien de nos meules, chacun met la main à la pâte. » Même si la minoterie lozériene opère à l’ancienne, ses travailleurs allient également des procédés modernes : « les grains passent d'un étage à l'autre par un réseau de tuyaux ventilés, permettant ainsi une bonne aération des différentes farines, de leur premier broyage jusqu’à leur conditionnement.»

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Un produit de grande qualité

La production du Moulin de Colagne est à même de se frotter à ses rivaux industriels sans rougir. Mieux : « la granulométrie, à savoir la taille des grains de farine moulue, est en générale plus fine dans notre minoterie. Nos produits ont une meilleure fermentation grâce entre autres à une bonne présence de germes de blés. À quantité égale avec d’autres farines, le volume de pain est souvent supérieur, car sa mie est mieux alvéolée», commente la co-directrice.


Côté saveur, les épeautres, froments, seigles, et autres sarrasins écrasés sous le feu du silex de la meule conservent donc leurs germes, riches en éléments minéraux : « le goût et l'odeur de nos farines sont typiques et séduisent bon nombre de boulangers locaux, ainsi que des industriels en recherche d’un goût authentique. Sachez également que nos portes sont ouvertes à toutes et à tous, chaque Lozérien peut venir s’approvisionner
en farine de qualité au moulin. »

Les produits de la minoterie sont conditionnés en sacs de 5 ou 25 kg. Cet appel est donc réservé aux spécialistes de la pâtisserie maison ! Moulindecolagne.fr, le site officiel de la société, permettra bientôt l’achat en
ligne de ses produits artisanaux.

 

AU FIL DE L’EAU, AU FIL DE L’HISTOIRE

À quelques kilomètres de Marvejols, le Moulin de Colagne trouve ses racines au croisement  de  son  cours  d’eau  et  de  l’histoire  de France. Dès 1261, la Minoterie apparaît dans les  archives de France,  lors  d’une  transaction entre le Roi d'Aragon et le Roi de France, Louis IX. En 1677, Le Sieur Cahuzac, Consul de  Chirac,  déclare  que  le  pont  qui  enjambe la Colagne à Chirac est l'un des plus importants pour le commerce. La place du moulin est  donc  rehaussée,  et  devient  le  point  de passage principal entre le Languedoc et l’Auvergne. Le moulin est agrandi et transformé en minoterie en 1855. Après des générations de propriétaires et de nombreuses améliorations, la minoterie se retrouve en 1917 entre les  mains  expertes  de  la  famille  Constans. Les  Constans,  qui,  jusqu’à  ce  jour  encore, continuent de perpétuer un savoir-faire historique, servi par une technologie moderne.

 

Cet article est extrait de Couleurs Lozère Magazine