Considéré comme un risque par certains automobilistes malgré la vitesse limitée et l’appel à la prudence, le gravillonnage des routes est une technique de réfection de chaussée de plus en plus utilisée.
"On dirait qu’ils le font exprès !", entend-t-on régulièrement après une campagne de gravillonage sur nos routes.
Effectivement, ils le font exprès, mais pas pour embêter les usagers. Nous avons rencontré Henri BOYER, président de la Commission des Infrastructures, désenclavement et mobilités au Conseil départemental et Frédéric BOUET Directeur général adjoint Infrastructures départementales, afin qu’ils transmettent les explications de ceux qui travaillent sur les routes à ceux qui les utilisent. La présence d’eau dans la structure de chaussée des routes limite la résistance des sols à la pression et peut entraîner des déformations structurelles. De plus, en Lozère,
du fait du climat rigoureux en hiver, l’eau dans ces structures peut geler et conduire en phase de dégel à des chutes très brutales de portance.
Pour préserver la pérennité des routes, il est donc nécessaire d’étancher la surface de chaussée et d’évacuer les eaux vers les fossés le plus rapidement possible. Pour cela, on peut utiliser un ESU (enduit superficiel d’usure). Cette technique composée de bitume pour étancher et de gravillons pour assurer l’adhérence des pneus est bien adaptée à nos routes. C’est le compactage par le passage de la circulation routière qui va assurer une bonne imbrication des gravillons gros et petits. Pour cette raison, il est nécessaire de répandre un surplus de gravillons qui sera aspiré, une fois l’ensemble stabilisé.
Durant cette période (qui varie de 1 à 3 semaines en fonction du trafic supporté par la route) entre le répandage et l’aspiration du surplus de granulat, la circulation peut parfois être délicate du fait de la présence en quantité de gravillons libres sur la chaussée. Une signalisation spécifique avec limitation de vitesse est donc nécessaire pour prévenir les usagers de ce risque de glissade.
«Nous essayons d’améliorer la signalisation d’année en année, explique Henri BOYER. Nous avons cette année des nouveaux panneaux qui permettent de sensibiliser l’usager pour qu’il adapte sa conduite et sa vitesse, quel que soit le véhicule (vélo, moto, voiture,…). Ces panneaux informent aussi de la durée des travaux. C’est contraignant, mais indispensable pour garantir une bonne durée de vie à nos routes ».
Le gravillonage est une solution technique vraiment adaptée à notre relief mais qui demande des conditions de mise en œuvre particulières, à savoir que la température doit être supérieure à 10°C, la chaussée doit être sèche, les matériaux doivent être secs également et il ne doit pas y avoir d’humidité dans l’air ni de brouillard. Bref, c’est souvent au printemps que toutes ces conditions sont réunies.
Et c’est moins cher ? Oui, c’est aussi une solution assez économique pour le Département, quatre fois moins chère que l’enrobé, et qui permet donc de réparer quatre fois plus de surface de route chaque année. L’enrobé se refissure aussi plus rapidement au fil des cycles de gel/dégel et il faudra de toute façon les réparer tôt ou tard.