La Malène et sa résidence de luxe, fortifiée de la fin de l’Empire romain

Photos du site en 2009
Photos du site en 2009

Sujet d'un programme de recherches du CNRS, cette ancienne forteresse se situe au cœur des gorges du Tarn, sur la commune de La Malène.

Des recherches très récentes

Les fouilles du site, menées par une équipe du Laboratoire d'Archéologie Médiévale Méditerranéenne et dirigées par Laurent Schneider, se sont déroulées entre 2008 et 2011. Elles ont permis de mettre au jour certainement l’un des plus vieux châteaux de France, connu sous la mention "castellum Melena", pouvant dater de l'époque mérovingienne.

En effet, si le toponyme de l'éperon, « Castel Merlets », laissait présager l'existence d'un ancien site fortifié, rien ne permettait d'identifier la nature de ce dernier. Au XIXe siècle, les recherches des érudits locaux font état d'un « castellum Melena », mentionné dans le manuscrit médiéval décrivant les miracles de saint Hilaire. Ce dernier vécut entre la fin du Ve siècle et le début du VIe siècle et fut l’un des premiers évêques du Gévaudan. Le manuscrit raconte qu'il fonda un monastère (longtemps confondu avec celui de Sainte-Énimie) et qu'il abrita la population dans le castellum Melena lors des invasions franques.

Le rapprochement entre ce castellum et le lieu-dit « Castel Merlets » n'est établi qu'à la fin du XXe siècle à la lumière des textes, mais il faut attendre l'an 2000 pour que les premières investigations archéologiques soient menées. Si l'existence d'une occupation antique, puis médiévale, est alors prouvée, ce ne sont que les campagnes de fouilles de 2008 à 2011 qui permettent de découvrir et d'identifier avec certitude la présence d'un habitat aristocratique du haut Moyen Âge (fin du Ve siècle- fin du VIIe siècle).

Une luxueuse forteresse enfouie


Le site perché surplombe le village actuel de La Malène et domine les gorges du Tarn. Son accès, difficile et dangereux, est très escarpé avec 300 mètres de dénivelé. Le site fortifié se veut imprenable ; il constitue une place hautement stratégique pour les grands aristocrates qui ont délibérément fait le choix de ce lieu. En effet, au VIe siècle, les limites du royaume des Francs se situent précisément à cet emplacement. De l'autre côté, au sud, s'étend la Septimanie wisigothique. Ce poste frontière constitue donc un lieu à forte connotation symbolique, politique et économique.

Les premiers résultats de fouilles indiquent que les lieux auraient été occupés pendant plus de 200 ans et que ses habitants y auraient vécu dans l'opulence. De nombreuses structures ont été conservées et la plupart de ces vestiges se sont révélés être d'une grande qualité architecturale : rempart maçonné, tour-donjon de 5 mètres de haut, palais à étage doté d’une colonnade, des thermes (peut-être les derniers bains à la romaine construits en Gaule), bâtiment orné d'enduits peints… De même, le riche mobilier archéologique (monnaie en or, clous en argent, amphores à vin…) tend vers l'hypothèse d'un haut lieu de pouvoir implanté à la frontière des deux royaumes.
 

Une petite cité frontalière ?

Il s'agit sans doute d'un exemple unique en France de site archéologique révélateur des mutations de son époque où se mêlent encore les usages antiques (présence de thermes, de colonnade monumentale…) et le goût d'un nouveau type de résidence à caractère palatial, le tout confronté aux nécessités de s'adapter au terrain sans pour autant s'y contraindre : installer des thermes dans un lieu aussi difficile d'accès et où l'alimentation en eau reste très aléatoire relève presque de l'exploit !

Ainsi les différentes structures du site témoignent-elles de l'investissement important des habitants pour rendre ce lieu imprenable mais également confortable. Il ne s'agit pas seulement d'un lieu de repli en cas d'attaque, mais véritablement d'une petite cité, siège local du pouvoir.


Le site, loin d'avoir livré tous ses secrets, n'est pas ouvert au public. Le terrain est privé et son accès est formellement interdit.

 

Attention ! Site non ouvert à la visite et dangereux, mais visible depuis la route qui monte sur le Causse Méjean.